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Pierre et Amélie - Édouard Duquet (livre audio) | @ebookaudio

Pierre et Amélie - Édouard Duquet (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
On sait très peu de chose d'Édouard Duquet. Il n'a publié qu'un seul roman, il a enseigné le français dans le Massachusetts\ldots{} \emph{Pierre et Amélie,} paru en 1866, alors qu'il avait vingt ans, a passé complètement inaperçu. On a dit que ce fut « la seule pastorale de la littérature québécoise ». Le roman raconte les amours malheureuses de deux jeunes gens, au début de la colonie.

Extrait : À la vue des tableaux riants de la nature, si on y ajoute cet air pur qui s’élève comme un baume du sein des champs et du feuillage odorant des vallons, je me sentis un tout autre homme. Quelle douce métamorphose ! Oh ! que j’aime à fuir les clameurs bruyantes de la ville, pour aller m’asseoir sous le vieux chêne touffu de la ferme, au milieu d’une pauvre mais honnête famille de laboureurs ! Ici, règnent la paix et la joie innocente du cœur ; ici, n’ont jamais paru sous leurs formes hideuses, l’ignoble jalousie, l’intrigue rampante et l’égoïsme qui pullulent chez les riches et les grands du monde.

Que j’aime à jouir de l’entretien franc et naïf de ces gens de la nature ; si je veux m’instruire, j’interroge un vieillard, il me raconte ses aventures ; ses cheveux argentés ne couvrent sa tête qu’à demi ; il a vécu sous le chaume, il ne veut ni ne peut feindre ; il parle avec cette franchise, cette droiture de cœur qui n’entre jamais dans les propos factices de l’homme corrompu de la société ; il m’intéresse, il m’attendrit même. Sa vieille épouse, qui file en fredonnant la complainte de ses aïeux, jette ses yeux sur nous pour les reporter ensuite sur une madone collée par quatre épingles à l’un des murs de l’appartement désert ; c’est que cette image lui a été propice depuis le début du songe de sa vie. Ceux-là seuls sont heureux qui ne connaissent que Dieu, et qui croient qu’il n’y a pas d’autre monde au delà de leur paroisse.
Cependant, j’arrivai au pied d’une colline dont l’aspect pittoresque avait attiré mes regards, qui y demeuraient attachés ; de jeunes sapins en couvraient la cime, d’où s’élevaient bizarrement quelques rochers enveloppés d’une épaisse couche de mousse, dont la verdure n’avait pas encore pâli sous les chaleurs de l’été ; au centre d’un vallon bien cultivé, qui s’étendait à sa base, serpentaient les ondes transparentes d’un large ruisseau.
Ces lieux me parurent favorables à la méditation ; j’allai m’asseoir sur un endroit qui commandait une vue immense ; le côté oriental de la ville s’offrait en face de moi, les toits pointus de ses maisons et de ses églises avec leurs hautes tours resplendissaient comme autant de réverbères sous les feux du soleil couchant ; à ma gauche, une portion du fleuve apparaissait avec ses gros navires à l’ancre, et ses barques louvoyant la voile penchée et arrondie comme le flot qu’elle effleurait ; dans une perspective lointaine, des montagnes, confondues avec les nuages descendus à l’horizon, et, sous mes pieds, la plaine, déroulant les trésors 
de ses diverses floraisons, teintes de couleurs charmantes et variées, l’élégante rusticité des maisonnettes, des étables, des granges, et la fraîcheur des ombrages et des rivières. Je ne sais quoi de grand, de sublime, s’emparait de mon âme à la vue de cette variété d’objets représentés avec tant de charmes dans le cadre sans borne d’une nature infinie ; en nous élevant au-dessus du séjour des mortels, il nous semble que l’imagination, débarrassée des choses vaines du monde, s’élance plus agile vers les régions de la Divinité.
Cependant, un incident vint tout à coup me tirer de cette douce mélancolie, et attira bientôt toute mon attention ; je vis un homme dont la vieillesse avait littéralement blanchi une longue barbe que le vent faisait frissonner sur sa poitrine ; sa démarche était lente, et son corps incliné vers la terre annonçait le fruit mûr que la main de Dieu allait bientôt cueillir ; il passa près de moi sans paraître me voir, et alla s’asseoir sur un arbre tombé de vétusté au bord d’un ravin, au fond duquel j’aperçus en m’élevant sur la pointe des pieds une croix couverte de mousse que le vieillard regardait dans une attitude pensive.
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