Pages

La colombe - Les Compagnons du Jéhu - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Les Compagnons du Jéhu - Alexandre Dumas (livre audio)En mai 1637, la colombe Iris revient chez sa maîtresse, une religieuse du nom d'Isabelle de Lautrec, au bout d'une semaine d'absence. Quelle surprise pour Isabelle de retrouver, accrochée à la patte de sa colombe, une lettre d'un correspondant mystérieux. Piquée par la curiosité, elle veut en savoir plus et un échange régulier de lettres commence alors. 

Extrait : ous n’accusez ni Iris, ni moi, n’est-ce pas ? Je n’étais point dans ma chambre lorsque votre messagère est arrivée : seulement la fenêtre était ouverte pour cueillir les premiers souffles de la brise du soir. Iris est entrée, et, comme si la charmante petite créature avait compris qu’elle avait une lettre à rendre et une réponse à emporter, elle a patiemment attendu mon retour, et, lorsque je suis rentré, de la planche sur laquelle elle était posée, elle avait volé sur mon épaule…

Hélas ! dans la chute que j’ai faite à travers les divers degrés de la grandeur humaine, j’ai, aux deux côtés du chemin, trouvé bien des émotions tristes ou joyeuses. Eh bien ! nulle n’a été plus triste que celle dont je me sentis saisi, lorsqu’en vous renvoyant votre colombe, dont je ne savais pas même le nom, nom prédestiné, vous l’avez dit vous-même, j’ai cru me séparer d’elle à jamais. Nulle n’a été plus joyeuse que celle que j’ai éprouvée, lorsque, croyant m’être séparé d’elle à jamais, je l’ai aperçue dans ma chambre et que j’ai senti la fraîcheur de son aile caresser ma joue en venant se poser sur mon épaule. Ô mon Dieu ! pour l’homme, cet éternel esclave de tout ce qui l’entoure, vous faites donc des joies et des douleurs relatives ! et tel qui n’a pas pleuré en perdant presque un royaume, tel qui n’a pas frissonné au vent de la hache qui abattait les têtes autour de lui, celui-là pleurera un jour en voyant fuir un oiseau dans l’espace ; celui-là frissonnera en sentant l’agitation que fait dans l’air la plume agitée d’une colombe. C’est là un de vos mystères, ô mon Dieu ! et vous savez si vos mystères divins ont un plus humble et plus fervent adorateur que celui qui se prosterne en ce moment au pied de la croix de votre divin fils pour vous glorifier et pour vous bénir !
Voilà donc tout ce que je me suis dit en revoyant la
 pauvre colombe que je croyais perdue ; avant même que j’eusse lu le billet dont elle était porteur. Puis, lorsque j’eus lu ce billet, je suis tombé dans une rêverie profonde.

— À quoi bon ? me demandais-je, pauvre naufragé que je suis, quand j’avais déjà pactisé avec la tempête et fraternisé avec la mort ; à quoi bon m’accrocher, perdu dans l’immensité de l’Océan, à cette poutre flottante, dernier débris peut-être d’un navire brisé comme le mien et que le hasard bien plutôt que la Providence pousse à la portée de la main ? N’est-ce pas, si je me laisse prendre à l’espérance, n’est-ce pas me laisser prendre en même temps à la tentation ? Avais-je donc, sans le savoir, quelque pan de mon habit pris dans cette porte qui ouvre sur le monde, et ne m’étais-je pas, comme je le croyais, arraché tout entier aux vanités et aux illusions de la terre ?
C’était, vous le voyez, ma sœur, une ample matière à rêver et à réfléchir : Dieu sur ma tête, l’abîme sous mes pieds, tout autour de moi le monde que je ne voyais plus parce que je fermais les yeux, que je n’entendais plus parce que je fermais les oreilles, mais que je vais entendre bruire comme par le passé, mais que je vais voir tourbillonner de nouveau. Si imprudent que je sois, je rouvre les oreilles et les yeux.




La colombe - Les Compagnons du Jéhu - Alexandre Dumas (livre audio) | @ebookaudio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

copyright © . all rights reserved. designed by Color and Code

grid layout coding by helpblogger.com