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Pierre et Amélie - Édouard Duquet (livre audio) | @ebookaudio

Pierre et Amélie - Édouard Duquet (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
On sait très peu de chose d'Édouard Duquet. Il n'a publié qu'un seul roman, il a enseigné le français dans le Massachusetts\ldots{} \emph{Pierre et Amélie,} paru en 1866, alors qu'il avait vingt ans, a passé complètement inaperçu. On a dit que ce fut « la seule pastorale de la littérature québécoise ». Le roman raconte les amours malheureuses de deux jeunes gens, au début de la colonie.

Extrait : À la vue des tableaux riants de la nature, si on y ajoute cet air pur qui s’élève comme un baume du sein des champs et du feuillage odorant des vallons, je me sentis un tout autre homme. Quelle douce métamorphose ! Oh ! que j’aime à fuir les clameurs bruyantes de la ville, pour aller m’asseoir sous le vieux chêne touffu de la ferme, au milieu d’une pauvre mais honnête famille de laboureurs ! Ici, règnent la paix et la joie innocente du cœur ; ici, n’ont jamais paru sous leurs formes hideuses, l’ignoble jalousie, l’intrigue rampante et l’égoïsme qui pullulent chez les riches et les grands du monde.

Que j’aime à jouir de l’entretien franc et naïf de ces gens de la nature ; si je veux m’instruire, j’interroge un vieillard, il me raconte ses aventures ; ses cheveux argentés ne couvrent sa tête qu’à demi ; il a vécu sous le chaume, il ne veut ni ne peut feindre ; il parle avec cette franchise, cette droiture de cœur qui n’entre jamais dans les propos factices de l’homme corrompu de la société ; il m’intéresse, il m’attendrit même. Sa vieille épouse, qui file en fredonnant la complainte de ses aïeux, jette ses yeux sur nous pour les reporter ensuite sur une madone collée par quatre épingles à l’un des murs de l’appartement désert ; c’est que cette image lui a été propice depuis le début du songe de sa vie. Ceux-là seuls sont heureux qui ne connaissent que Dieu, et qui croient qu’il n’y a pas d’autre monde au delà de leur paroisse.
Cependant, j’arrivai au pied d’une colline dont l’aspect pittoresque avait attiré mes regards, qui y demeuraient attachés ; de jeunes sapins en couvraient la cime, d’où s’élevaient bizarrement quelques rochers enveloppés d’une épaisse couche de mousse, dont la verdure n’avait pas encore pâli sous les chaleurs de l’été ; au centre d’un vallon bien cultivé, qui s’étendait à sa base, serpentaient les ondes transparentes d’un large ruisseau.
Ces lieux me parurent favorables à la méditation ; j’allai m’asseoir sur un endroit qui commandait une vue immense ; le côté oriental de la ville s’offrait en face de moi, les toits pointus de ses maisons et de ses églises avec leurs hautes tours resplendissaient comme autant de réverbères sous les feux du soleil couchant ; à ma gauche, une portion du fleuve apparaissait avec ses gros navires à l’ancre, et ses barques louvoyant la voile penchée et arrondie comme le flot qu’elle effleurait ; dans une perspective lointaine, des montagnes, confondues avec les nuages descendus à l’horizon, et, sous mes pieds, la plaine, déroulant les trésors 
de ses diverses floraisons, teintes de couleurs charmantes et variées, l’élégante rusticité des maisonnettes, des étables, des granges, et la fraîcheur des ombrages et des rivières. Je ne sais quoi de grand, de sublime, s’emparait de mon âme à la vue de cette variété d’objets représentés avec tant de charmes dans le cadre sans borne d’une nature infinie ; en nous élevant au-dessus du séjour des mortels, il nous semble que l’imagination, débarrassée des choses vaines du monde, s’élance plus agile vers les régions de la Divinité.
Cependant, un incident vint tout à coup me tirer de cette douce mélancolie, et attira bientôt toute mon attention ; je vis un homme dont la vieillesse avait littéralement blanchi une longue barbe que le vent faisait frissonner sur sa poitrine ; sa démarche était lente, et son corps incliné vers la terre annonçait le fruit mûr que la main de Dieu allait bientôt cueillir ; il passa près de moi sans paraître me voir, et alla s’asseoir sur un arbre tombé de vétusté au bord d’un ravin, au fond duquel j’aperçus en m’élevant sur la pointe des pieds une croix couverte de mousse que le vieillard regardait dans une attitude pensive.
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La faneuse d'amour - Georges Eekhoud (livre audio) | @ebookaudio

La faneuse d'amour - Georges Eekhoud (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
Lorsque devenue comtesse d'Adembrode, Clara Mortsel, fille d'une famille ouvrière ayant prospérée récemment, s'éprend de la vie de campagne au domaine de son époux, elle s'éprend aussi et surtout du jeune Russel Waarloos, un fils de paysan. Elle va tout faire pour assouvir son amour, à l'encontre des lois sociales de son milieu.

Extrait : Des parents plus désœuvrés que les siens eussent certainement remarqué sa sensibilité extrême à l’action de la couleur, du parfum et du son ; ils auraient même été alarmés plus d’une fois par la bizarrerie de ses affinités et de ses répugnances sensorielles. Le claquement d’un fouet de charretier, la corne d’un garde-barrière, la ritournelle mélopique des haleurs, le glougloutement des gouttières, le bruit de la pluie sur les feuilles, toutes les rumeurs de l’eau, les moisissures de l’automne, les odeurs de brasseries, voire l’âcre puanteur du ton, la plongeaient dans des extases et provoquaient ses délectations ; en revanche, elle dédaignait le parfum des roses, bâillait devant les murs fraîchement peints, tachait ou déchirait ses vêtements neufs et pleurait à chaudes larmes lorsqu’on jetait au rebut ses hardes usées. Toutes ses prédilections allèrent aux choses maussades, farouches, incomprises.

Ses plus grandes félicités lui venaient de la rivière. Boudant la villette aux rues basses et bien lavées, avec des façades luisantes, elle s’isolait des heures au bord du Rupel huileux se traînant péniblement, enflé et inerte dans son lit de limon. Elle courait sur la jetée à la rencontre des bateliers et s’accrochait, avec des avidités caressantes de jeune chienne en mal de dentition, à leurs bottes ruisselantes. Le bleu marin de leurs tricots et de leurs grègues devint une de ses couleurs préférées, celle qu’elle choisit plus tard pour ses jerseys. Ce fut même, avec l’indigo foncé et luisant du sarrau des rustres, le seul bleu qu’elle affectionnât.
Des chalands chargeaient au pied des bermes où s’entassaient des blocs de briques et de tuiles. L’enfant amorcée assistait à la manœuvre, admirait ces ouvriers poudreux ou gâcheux suivant le temps. Qu’elle se désagrégeât en boue ou en poussière, la mar
chandise de ces tâcherons les passait toujours à la même teinte rougeâtre. Les talus et les chantiers en étaient enduits. Rouges aussi les fours et les hangars au fil de l’eau en contrebas de la digue, rouges encore les cheminées cylindriques dépassant les bâtiments qui s’agglomèrent alentour. Des façons de vallées creusées par le travail des hommes pour l’extraction de l’argile s’élargissaient, pénétrant toujours plus avant dans l’intérieur des terres et disputant la glèbe aux cultures. La végétation était reléguée aux confins, constamment reculés, de cette zone industrielle. Briqueteries et tuileries brunâtres par les temps gris, rutilaient sous le ciel bleu. Une chaleur délétère ; des vapeurs azotées, âpres, lourdes et violâtres, montaient des fournaises répandant une fade odeur de terre cuite et renchérissaient sur la radiation d’un implacable soleil. Dans cette géhenne, les hommes travaillaient nus jusqu’à la ceinture. Et l’on ne savait, par moments, ce qui fumait et grésillait le plus de leur encolure tannée ou de leurs pains de briques.
Clara bayait à ces labeurs ; terrifiée mais vaguement chatouillée dans ses transes. Impressions à la fois rudes et émollientes comme un massage de la pensée.
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Les Esclaves de Paris - Tome II - Émile Gaboriau (livre audio) | @ebookaudio

Les Esclaves de Paris - Tome II - Émile Gaboriau (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
Des malfaiteurs fondent une redoutable association qui va faire trembler Paris dans ses tréfonds. Dans l'ombre, ils recueillent méthodiquement les honteux secrets, petits et grands, de la population. Au bout de vingt-cinq années d'efforts opiniâtres, ils disposent d'une mine de renseignements suffisamment fournie pour mettre enfin à exécution leur plan machiavélique. Autour de ces passions humaines si banales que sont l'amour, l'ambition et l'argent, les très nombreux personnages de l'intrigue tourbillonnent sans se rendre compte du piège tendu qui se referme inexorablement. Paris ne deviendra-t-il qu'un gigantesque marché aux esclaves?

Extrait: C’était un petit homme de plus de cinquante ans, à visage, il faudrait dire à museau de fouine. Tout d’abord, on était frappé de son long nez pointu, de ses yeux mobiles et fuyants, de ses lèvres plates et minces. Son seul aspect eût dû éveiller la défiance.
Il y avait une quinzaine d’années qu’il était arrivé à Bivron, chaussé, comme on dit dans le Poitou, d’une botte et d’un sabot, portant au bout d’un bâton, dans un mouchoir noué, tout son saint-frusquin.
Mais il avait une envie endiablée de gagner de l’argent ; il était prêt à tout.
Il avait donc prospéré et possédait des champs et des vignes, et même une maison à la Croix-du-Pâtre, qui est le point de jonction du chemin communal de Bivron et de la grande route. On lui supposait des économies assez rondes.
Sa profession était surtout de n’en pas avoir, de se mêler de tout, de se faufiler partout.
Sans lui, point de vente ni d’expertise. Il se livrait surtout au courtage rural. Il achetait les récoltes sur pied aux besogneux et se donnait pour bon géomètre arpenteur. Ceux qui avaient besoin d’argent ou de grains pour les semailles l’allaient trouver, et s’ils présentaient des garanties solides, ma foi ! il les obligeait volontiers, à raisons de cinquante pour cent.
Enfin, il était le conseil juré de tous les gens véreux et l’inspirateur de tous les mauvais gars, à cinq lieues à la ronde.
Il passait pour excessivement adroit, capable de tirer n’importe qui d’un mauvais pas. Etait-il « ferré sur la loi », comme on le disait ? Le fait est qu’il ne pouvait parler une minute sans citer quelque article du Code.
Améliorer le sort des gens de la campagne était sa marotte, à ce qu’il assurait : c’est pourquoi, tout en exigeant d’eux des intérêts affreusement usuraires, il les
 excitait contre les nobles, les bourgeois et les prêtres.
Sa facilité d’élocution, sa science de juriste et la longue redingote noire qu’il portait habituellement lui avaient valu les surnoms de « l’homme de loi » et de « président ».
S’il en voulait cruellement à M. de Champdoce, c’est que le duc s’était ouvertement déclaré contre lui, lors de certaine aventure qui l’avait conduit jusqu’au seuil de la cour d’assises, et dont il ne s’était tiré qu’en subornant quatre ou cinq témoins.
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Les Esclaves de Paris - Tome I - Émile Gaboriau (livre audio) | @ebookaudio

Les Esclaves de Paris - Tome I - Émile Gaboriau (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
Des malfaiteurs fondent une redoutable association qui va faire trembler Paris dans ses tréfonds. Dans l'ombre, ils recueillent méthodiquement les honteux secrets, petits et grands, de la population. Au bout de vingt-cinq années d'efforts opiniâtres, ils disposent d'une mine de renseignements suffisamment fournie pour mettre enfin à exécution leur plan machiavélique. Autour de ces passions humaines si banales que sont l'amour, l'ambition et l'argent, les très nombreux personnages de l'intrigue tourbillonnent sans se rendre compte du piège tendu qui se referme inexorablement. Paris ne deviendra-t-il qu'un gigantesque marché aux esclaves?

Extrait: Ces dehors d’épicurien cachent, assure-t-on, un médecin distingué, un savant.

Ce qui est sûr, c’est que n’étant pas ce qui s’appelle un travailleur, il exerce le moins qu’il peut.
Même, il y a quelques années, voulant, à ce qu’il a prétendu, dégoûter de lui sa clientèle qui devenait importante, un beau matin il s’improvisa homéopathe et fonda un journal médical : le Globule, qui eut cinq numéros.
Cette conversion pouvait prêter à rire ; il en a ri le premier, prouvant ainsi la sincérité de la philosophie qu’il professe.
De sa vie, le docteur Hortebize n’a rien pu ou voulu prendre au sérieux.
En ce moment même, M. Mascarot, qui cependant le connaît bien, semble déconcerté et blessé de son ton léger.
– Si je t’ai écrit de venir ce matin, dit-il d’un ton mécontent, si je t’ai prié de te cacher dans ma chambre…
– Où j’ai failli geler.
– … c’est que je tenais à avoir ton avis. Nous engageons une grosse partie, Hortebize, une partie terriblement périlleuse, et tu es 
de moitié dans le jeu.
– Bast !… j’ai en toi, tu le sais bien, une confiance aveugle. Ce que tu feras sera bien fait. Tu n’es pas homme à te risquer sans atouts.
– C’est vrai, mais je puis perdre, et alors…
Le docteur interrompit son ami en agitant gaiement un gros médaillon d’or suspendu à la chaîne de sa montre.
Ce geste sembla particulièrement désagréable au placeur.
– Quand tu me montreras ta breloque ! fit-il. Voici vingt-cinq ans que nous la connaissons. Que veux-tu dire ? qu’il y a dedans de quoi t’empoisonner en cas de malheur ! C’est une louable prévoyance, mais mieux vaut tâcher de la rendre inutile en me donnant un bon conseil.
Le souriant docteur avait pris la pose ennuyée du marquis de Moncade écoutant les comptes de son intendant.
– Si tu tenais tant, dit-il, à une consultation, il fallait mander à ma place notre honorable ami Catenac ; il connaît les affaires, lui, il est avocat.
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Le Peuple de la Mer - Marc Elder (livre audio) | @ebookaudio

Le Peuple de la Mer - Marc Elder (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
"Le Peuple de la Mer" de Marc Elder valut au jeune auteur (29 ans à l'époque) le Prix Goncourt 1913, aux dépends d'Alain Fournier et de Marcel Proust. C'est un ensemble de 3 chroniques : La Barque, la Femme, la Mer, qui racontent la vie des habitants du village de l'Herbaudière, sur l'île de Noirmoutier. L'auteur y décrit les destins qui s'entrecroisent de marins, de pêcheurs ou de gardiens de Phares.

Extrait : Il crut rêver et s’arrêta court. Une lueur a fulguré dans les ténèbres et l’eau lui apporte un craquement de planches, un froissement de copeaux. D’instinct, il s’immobilise, en arrêt, sondant la nuit de tous ses sens. Et il devine les mouvements d’une ombre sous l’enclos du chantier.

Silencieusement Urbain tire ses galoches, se trousse et descend à la yole qui flotte au bas de l’escalier. Il déborde sans bruit, glisse à coups étouffés de godille, accoste. Mais à peine arrive-t-il au coin du baraquement qu’une flambée lui brûle les yeux.
D’un saut, Coët tombe sur un homme accroupi, l’enlève et d’un effort énorme le culbute en plein port. Un choc sur la mer. Coët s’est jeté vers le feu qu’il étouffe sous sa vareuse, sous ses pieds, follement. Les flammes s’affaissent, s’écrasent, et il poursuit, le béret au poing, celles qui rampent.
D’un lougre une voix héle à trois reprises. L’eau claque sous les coupes hâtives d’un nageur. Urbain tâte avec soin le sol autour de lui, étreint des braises, écoute. La nuit est immobile comme un bloc que le feu tournant du Pilier tranche ainsi qu’une lame.
Longtemps il reste de garde autour du chantier, encore bouleversé de peur, imaginant sa barque en flammes. Une brûlure cuit son gros orteil gauche qu’il va de temps à autre tremper dans l’étier. Il dénombre ses ennemis : les deux Aquenette, Julien Perchais, les Gaud ; il n’a pas reconnu l’homme, mais il frémit de l’intention incendiaire et il voudrait toucher sa barque, la prendre à pleins bras, comme un être cher sauvé d’une catastrophe.
Il fallut les coups grêles de minuit pour lui rappeler que la Marie-Jeanne l’attendait chez lui à l’Herbaudière, et qu’il avait six kilomètres de route. L’obscurité immuable et douce lui était devenue confiante sous l’éclat obstiné du grand phare tournant. Il décida la retraite, mais le jusant ayant échoué la yole, il longea l’étier, du côté des marais, jusqu’à l’écluse dont le bâtis s’élevait dans les étoiles en manière de guillotine.
Le lendemain, il revint dès six heures et il vit les preuves : des copeaux brûlés, une plaque d’herbe roussie. La varlope criait déjà sur le chêne ; il entra et, joyeusement, il reconnut sa barque.
Elle montait, énorme dans le petit chantier du père Goustan qu’elle emplissait jusqu’au faîte. C’était une barque de vingt-sept pieds, bien coffrée, puissante, l’étrave haute et l’avant taillé d’aplomb, comme un coin, pour mieux fendre les lames. A
u milieu des flancs qui n’étaient point entièrement bordés, les membrures, quasi brutes, apparaissaient arquées comme des côtes, tellement près à près et massives que le bateau semblait bûché dans un monstrueux tronc de chêne.
Orgueilleux de son œuvre, le père Goustan lâcha l’erminette, pour venir à petits pas se camper près d’Urbain Coët. Il releva, d’un geste familier, la large salopette qui juponnait autour de ses vieilles jambes, redressa son échine, essuya ses lunettes et déclara :
– C’est du travail, ça, mon gars ! et du solide !
Alors son fils, François, qui rabotait les dessous de la barque, à plat dos parmi les copeaux, s’interrompit pour prononcer :
– Faut ça pour battre la mer !
Et Théodore, le petit-fils, du haut du pont, où il bricolait, jeta d’enthousiasme :
– Et pour tailler de la route !
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La Dégringolade, Tome 3 - Émile Gaboriau (livre audio) | @ebookaudio

La Dégringolade, Tome 3 - Émile Gaboriau (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
Raymond Delorge, trouvé moribond boulevard Clichy, nous fait le récit de ses aventures. Le père de Raymond, un général, a été tué alors qu'il connaissait les détails d'un coup d'État auquel il ne voulait pas participer. Plusieurs années plus tard, Raymond est devenu ingénieur et s'est épris de Simone de Maillefert, fille de la duchesse de Maillefert. Mais madame la duchesse lui préfère le comte de Combelaine comme gendre. Ce dernier est un imposteur... Complots, amours contrariés, vengeances, tous les ingrédients du genre se trouvent réunis dans cette saga en trois tomes.

Extrait: Ainsi, en sortant de chez Me Roberjot, s’en allait Raymond le long de la rue Jacob et de la rue des Saints-Pères.

A l’encontre de la raison, l’instinct victorieux le traînait aux environs de la demeure de la duchesse de Maillefert.
– Dans quel but ? lui criait le bon sens.
– Qui sait !… répondait la voix des espérances obstinées, cette voix dont les plus rudes épreuves ne sauraient étouffer le murmure. Peut-être au moment où tu passeras, verras-tu le coin d’un rideau se soulever et le visage de Mlle Simone apparaître.
C’est rue de Grenelle-Saint-Germain, à deux pas de la rue de la Chaise, qu’est situé l’hôtel de Maillefert.
Le large perron déroule ses six marches sur une cour pavée, plus froide que le préau d’une prison cellulaire.
Autour de la cour sont les communs, les remises et les écuries.
Le pavillon du concierge est sur le devant, et ses dimensions exagérées disent qu’il date de ce bon temps où les plus grands seigneurs autorisaient leur suisse à « vendre vin » et à tenir, à l’enseigne de leur nom, une sorte de cabaret.
Ce qui fait la splendeur de l’hôtel de Maillefert, c’est son jardin qui joint les admirables jardins de l’hôtel de Sairmeuse, qui se prolonge jusqu’à la rue de Varennes, et dont les arbres séculaires dominent le toit des maisons voisines.
Les deux battants de la grande porte étaient ouverts quand arriva Raymond, et jamais certes, à voir le mouvement de cette magnifique demeure, on ne se fût douté que celle qui la possédait, la duchesse de Maillefert, ruinée, compromise, assiégée par ses créanciers, en était réduite aux pires expédients pour soutenir son luxe menteur et recourait aux plus abominables intrigues pour s’emparer de la fortune de sa fille.
Dans la cour, trois ou quatre voitures attelées de bêtes de prix attendaient les visiteurs, pendant que les valets, vêtus de longues pelisses fourrées, se vengeaient de leur longue faction en disant du mal de leurs maîtres.
– Voilà, songeait Raymond, le démenti formel des récits de Me Roberjot. Que me disait-il donc, que tout était fini, que tout ce qui tient à l’Empire était ahuri, consterné ?…
Un coupé tournant au grand trot de ses deux chevaux le coin de la rue de la Chaise interrompit brusquement ses réflexions. Il n’eut que le temps de se jeter de côté.
Mais si rapide qu’ait été le mouvement, il avait reconn
u la duchesse de Maumussy et, l’instant d’après, il put la revoir, gravissant paresseusement les marches du perron de l’hôtel de Maillefert.
– Elle va voir Simone, elle, pensait-il.
Et ses poings se crispaient à cette idée désolante qu’à lui seul étaient fermées les portes de cet hôtel où tant de gens entraient le sourire aux lèvres, de cet hôtel où derrière cette façade stupide et inexorable était Mlle Simone.
Que faisait-elle, à cette heure ? A quelles impitoyables obsessions était-elle en butte ? Que voulait-on d’elle, et par quels moyens ?…
– Et ne m’avoir rien dit, murmurait-il, de l’intrigue qui me la ravit !… M’avoir refusé jusqu’à cette joie suprême de mourir avec elle, si je ne puis la sauver !…
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La Dégringolade, Tome 2 - Émile Gaboriau (livre audio)Y inclus, gratuitement, "Cyrano de Bergerac", d'Edmond Rostand .epub et .mobi.
Raymond Delorge, trouvé moribond boulevard Clichy, nous fait le récit de ses aventures. Le père de Raymond, un général, a été tué alors qu'il connaissait les détails d'un coup d'État auquel il ne voulait pas participer. Plusieurs années plus tard, Raymond est devenu ingénieur et s'est épris de Simone de Maillefert, fille de la duchesse de Maillefert. Mais madame la duchesse lui préfère le comte de Combelaine comme gendre. Ce dernier est un imposteur... Complots, amours contrariés, vengeances, tous les ingrédients du genre se trouvent réunis dans cette saga en trois tomes.

Extrait: – Seulement, vous m’avez rendu un triste service, disait-il quelques jours après à Me Roberjot. Avant d’intervenir, il fallait vous informer de ce qu’est mon existence. Savez-vous que depuis la mort de mon père, jamais un jour ne s’est écoulé sans que ma mère ne m’ait dit en me montrant son épée scellée au-dessus de son portrait : « Souvenez-vous, mon fils, que vous avez votre père à venger ! » Savez-vous que maintenant encore, après dix ans passés, le couvert de mon père est toujours mis à notre table de famille, et que jamais une fois je ne me suis assis pour prendre mon repas, sans que l’œil de ma mère ne se soit arrêté sur cette place vide, sans qu’elle m’ait répété de sa voix glacée : « Ce couvert restera mis tant que justice ne nous aura pas été rendue !… » Savez-vous qu’il n’est pas jusqu’à ma sœur, Pauline, jusqu’à notre domestique, le vieux Krauss, qui ne cessent de me dire que c’est à moi de punir l’assassin, et qu’il devrait déjà être puni.

Des larmes de colère brillaient dans les yeux du malheureux jeune homme, et c’est d’une voix étouffée qu’il poursuivait :
– Comment, avec de pareilles excitations, incessantes, obstinées, mon imagination ne s’exalterait-elle pas !… Est-ce vivre que d’être hanté sans relâche par le spectre de mon père assassiné !… J’avais trouvé ce moyen, un duel ; vous me l’enlevez, ma mère me l’enlève. Mais alors, au nom du ciel ! dites-moi ce qu’il faut que je fasse, car je dois faire quelque chose, je veux me venger, et il faut en finir… Voyons, parlez, donnez-moi un conseil… Ah ! je ne le vois que trop, vous allez me dire comme ma mère : « Attendons ! » Quoi ?… Un miracle ? Eh ! je n’ai pas la fo
i, il ne se fait plus de miracles, et nous attendrons tant que M. de Combelaine mourra dans son lit, de sa belle mort…
Ce qui ajoutait encore au désespoir de Raymond, c’était la pensée que M. de Combelaine et ses amis le tenaient peut-être pour un de ces fanfarons terribles en paroles, plus que modérés en actions.
– Comme ces gens-là doivent rire de nous !… disait-il à Léon Cornevin.
M. de Combelaine n’en riait pas tant que cela, ainsi que ne le tardèrent pas à le prouver les événements.
En sortant de l’Ecole polytechnique, Raymond Delorge était entré à l’Ecole des ponts et chaussées, et il venait d’être nommé ingénieur.
Quant à Léon, les emplois du gouvernement lui répugnant, il s’était fait attacher à une compagnie de chemins de fer ; et, comme son intelligence était supérieure et son savoir très grand, comme il était en outre un travailleur infatigable, on lui avait fait espérer d’abord, puis plus tard formellement promis une situation en rapport avec son mérite et les services qu’il avait déjà rendus à la compagnie.
Cette situation, il se croyait à la veille de l’obtenir, lorsqu’un matin le directeur le fit appeler, et de l’air le plus embarrassé lui annonça que le conseil, malgré son avis et ses observations, avait disposé de cette place en faveur d’un autre candidat.
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